La pompe, un substitut aux médicaments par voie orale 

Il est possible que le neurologue propose de substituer tout ou partie des traitements médicamenteux pris par voie orale (comprimés), par des médicaments administrés par injection en continu via un système de pompe.

Il est possible que le neurologue propose de substituer tout ou partie des traitements médicamenteux pris par voie orale (comprimés), par des médicaments administrés par injection en continu via un système de pompe.

De manière générale, le recours à un système de pompe représente une option thérapeutique envisagée. Ceux, pour réguler de manière plus uniforme les doses de traitement dopaminergique administrées au cerveau. Cette approche vise à réduire les variations d’efficacité du traitement. Ainsi que les problèmes moteurs résultant des pics de dose (surdosage) et des fins de dose (sous-dosage) caractéristiques du traitement classique. 

Les pompes jouent un rôle crucial en assurant une stimulation dopaminergique continue. Elles peuvent être employées aussi bien durant la journée que pendant la nuit. Cela permet ainsi de maintenir un apport constant et adéquat du traitement sur des périodes prolongées. 

Il existe plusieurs médicaments possiblement administrés via un système de pompe : 

  • L’apomorphine (Apokinon®) par voie sous-cutanée ; 
  • La carbidopa (Duodopa®) par voie jéjunale (gastro stomie). 

La pompe à apomorphine (Apokinon®) 

L’apomorphine est l’agoniste dopaminergique le plus ancien et le plus puissant. Si son nom évoque la morphine, il n’en possède aucune des propriétés pharmacologiques. Il n’a donc rien à̀ voir avec cet autre médicament. 

La pompe est une seringue électrique portable et programmable.  Elle permet de délivrer de l’apomorphine du matin au soir. Voire 24h/24 si le blocage moteur (période « off ») est trop important durant la nuit. La dose de la nuit peut être identique ou plus faible que durant la journée. L’apomorphine est administrée par voie injectable sous-cutanée car elle y est résorbée rapidement et entièrement. 

La délivrance en continue de l’apomorphine atténue les fluctuations d’efficacité liées aux prises de la Lévodopa ainsi que les dyskinésies (mouvements anormaux involontaires et incontrôlés). Dans le meilleur des cas, les périodes « off » disparaissent presque totalement. Néanmoins persistent souvent un ou deux ralentissements moteurs au cours de la journée. En particulier l’après-midi, mais le « off » est moins sévère. Il s’agit plutôt de périodes dites “intermédiaires” (entre le « on » et le « off »). 

Il existe des contraintes liées à̀ ce traitement pour lequel il est nécessaire de reproduire chaque jour plusieurs étapes : 

  • Remplir le réservoir de la pompe le matin ; 
  • Installer la pompe ; 
  • Placer l’aiguille dans la région abdominale par voie sous-cutané ; 
  • Puis arrêter la pompe le soir et retirer l’aiguille. 

Les contraintes

Il est possible de solliciter un professionnel infirmier qui vient à domicile mettre en place la pompe et surveiller le bon fonctionnement de l’appareil. Il peut aussi retirer la pompe le soir. Cependant, ce geste est plus aisé. Un certain nombre de personnes ayant ce traitement le font elles-mêmes ou avec l’aide de l’entourage. En outre, on ne peut pas garder la pompe pour se baigner. 

Les contraintes sont également liées au fait de porter la pompe (qui fait la taille d’un petit téléphone portable) toute la journée. 

Des nodules peuvent apparaître au point d’injection, mais peuvent être limités par des massages locaux. Un nodule est une sorte de boule sous la peau pouvant être plus ou moins douloureuses.

La mise en place de la pompe nécessite fréquemment une hospitalisation d’au moins 2-3 jours (parfois plus). Cela, afin d’évaluer la tolérance, d’ajuster le débit et de s’assurer que le malade se familiarise avec le matériel. 

De plus en plus, ce dispositif peut être mis en place à domicile, en ambulatoire. Grâce à l’accompagnement proposé par les prestataires de soins à domicile qui sont habilités à gérer ce dispositif par pompe. 

La pompeapomorphine remplace partiellement le traitement par voie orale (qui est souvent poursuivi, mais considérablement réduit). Voire le supprime totalement. 

Les effets indésirables

Comme tous les agonistes dopaminergiques, l’apomorphine provoque des effets indésirables. Cela, dans une moindre mesure que les agonistes pris par voie orale. Les nausées et l’hypotension orthostatique en début de traitement peuvent être facilement prévenues par la prise de dompéridone. Les effets neuropsychiatriques (hallucinations, confusion) sont possibles. Mais leur risque de survenue est moindre qu’avec les agonistes par voie orale. Les dyskinésies et les éventuels troubles du contrôle des impulsions (effets indésirables) sont souvent corrigés avec la mise sous pompe grâce à̀ une diminution du traitement oral. 

Chez certaines personnes, l’apomorphine est prescrite pour prendre en charge des blocages intempestifs au cours de la journée. Elle s’injecte par le biais d’un stylo à apomorphine. La personne malade peut ainsi s’auto-injecter une dose d’apomorphine qui agit en quelques minutes et lui permet de se débloquer rapidement. 

Il y a néanmoins une vigilance à avoir quant au risque d’addiction au stylo car il peut se développer une sensation de plaisir juste après l’injection. Celle-ci pousse la personne malade à en augmenter la fréquence. Son utilisation doit donc se faire de manière occasionnelle. Si  elle l’utilise régulièrement, c’est qu’il y a probablement un sous-dosage au niveau du traitement dopaminergique de base. 

L’indication

La pompeapomorphine est particulièrement indiquée dans les cas de fluctuations d’efficacité de la Lévodopa ou de dyskinésies sévères. 

Les personnes à qui elle est prescrite ne doivent pas présenter de troubles psychiques ou cognitifs. 

Les indications pour cette pompe sont un peu superposables à celles de la neurochirurgie. La pompe peut donc être proposée à des personnes en attente d’être opérées ou dans l’impossibilité d’être opérées pour diverses raisons. 

La pompe à Lévodopa 

La pompe délivre un gel (produit nommé Duo dopa) contenant les médicaments (de la Lévodopa et de la carbidopa. C’est un inhibiteur enzymatique qui ralentit la transformation de la Lévodopa en dopamine avant son arrivée dans le cerveau). 

Ce gel administré via une sonde et placée directement dans l’intestin grêle au niveau du jéjunum (partie initiale de l’intestin grêle). Ce traitement peut être testé dans un premier temps par une sonde fine placée par le nez jusqu’à̀ l’intestin afin d’évaluer l’efficacité́ et la tolérance. 

Par la suite, pour introduire la sonde, un petit orifice est pratiqué dans la paroi abdominale, au niveau de l’estomac. 

Cette méthode a certains avantages par rapport au même traitement pris par la bouche : 

  • Les médicaments sont actifs plus rapidement parce que le passage par l’œsophage et l’estomac est évité ; 
  • Les fluctuations de fin de dose, c’est-à̀-dire deux ou trois heures après la prise d’un comprimé, sont évitées car la pompe permet de fournir au corps la dopamine de manière plus continue ; 
  • Les effets secondaires, comme les nausées, que peut provoquer le passage des comprimés dans l’estomac, sont évités également. 

Cette technique, de par les contraintes qu’elle engendre, s’adresse particulièrement aux personnes pour lesquelles le traitement classique est devenu insuffisant. 

La pompeLévodopa se compose d’une pompe associée à̀ une cassette d’alimentation qui contient le gel avec les deux médicaments (la Lévodopa et la carbidopa). La pompe est extérieure et il faut donc toujours la porter sur soi. Ensemble, la pompe et la cassette d’alimentation pleine pèsent environ 500 grammes. 

Différents systèmes de transport de la pompe sont disponibles pour en limiter les contraintes esthétiques et de poids : sac banane, pochette à fixer à la ceinture du pantalon, sac à main, chemisette ou veste multipoche… En fonction de la tenue ou du type d’activité, le patient peut donc choisir où et comment porter sa pompe. 

En savoir plus 

Parkinsuite, site internet élaboré par le CEP de Toulouse en partenariat avec le CEP de Marseille. Il décrit les traitements continus de la maladie de Parkinson : 

Késako ? 

  • Traitement dopaminergique : approche médicale qui vise à augmenter ou à moduler les niveaux de dopamine dans le cerveau en utilisant des médicaments ou d’autres interventions. 
  • Stimulation dopaminergique : augmentation de l’activité ou de la disponibilité de la dopamine. 
  • Apomorphine : médicament utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson, principalement pour traiter les périodes d’immobilité soudaine et bloquée appelée « épisodes off ». 
  • Carbidopa : médicament utilisé en combinaison avec la Lévodopa pour le traitement de la maladie de Parkinson. 
  • Jéjunal / Jéjunum : partie de l’intestin grêle. 
  • Agoniste dopaminergique : type de médicament utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson qui agit en stimulant les récepteurs de la dopamine dans le cerveau, un neurotransmetteur impliqué notamment dans la régulation des mouvements. 
  • Morphine : puissant analgésique utilisé en médecine pour atténuer la perception de la douleur et produire des effets de soulagement. 
  • Lévodopa : médicament largement utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson pour atténuer les symptômes et améliorer la qualité de vie des patients. 
  • Dyskinésie : terme médical qui désigne des mouvements anormaux, involontaires et souvent répétitifs du corps. 
  • Hypotension orthostatique : chute significative de la pression artérielle d’une personne lorsqu’elle passe d’une position couchée ou assise à une position debout, provoquant ainsi des symptômes tels que des vertiges, des étourdissements, une faiblesse, une vision trouble et même des évanouissements. 
  • Dompéridone : médicament utilisé pour traiter certains problèmes gastro-intestinaux. 
  • Dopamine : molécule produite par certains de nos neurones qui l’utilisent comme messager chimique pour transmettre des informations à différents circuits cérébraux, en l’occurrence la gestion de nos mouvements.