CP : Lixisénatide

La recherche fondamentale, qui explore les mécanismes biologiques de la maladie pour comprendre ses origines, et identifier de nouvelles cibles thérapeutiques.

CP : Lixisénatide

LA RECHERCHE, MOBILISATION
– Le 04/04/2024

LIXIPARK : L’essai clinique de phase 2 d’un médicament contre le diabète de type 2 pour le traitement de la maladie de Parkinson donne des résultats positifs et prometteurs

Les résultats d’un essai clinique de phase 2 d’une durée d’un an portant sur le lixisénatide, un médicament contre le diabète de type 2, suggèrent que le traitement pourrait ralentir la progression des symptômes moteurs de la maladie de Parkinson.

L’étude est publiée le 4 avril 2024 dans le prestigieux New England Journal of Medicine.

A propos de Lixipark :

L’étude randomisée en double aveugle LixiPark a inclus 156 personnes récemment diagnostiquées de la maladie de Parkinson. Les participants ont été traités pendant 12 mois soit par le lixisénatide, soit par un placebo. Et ce, en plus de leur traitement habituel contre la maladie de Parkinson. Les résultats de l’étude ont montré que la progression des symptômes moteurs chez les personnes recevant le lixisénatide a été stabilisée. Tandis que les symptômes moteurs chez les participants prenant le placebo ont continué à s’aggraver. La différence entre les deux groupes est statistiquement significative. Ce qui indique que le lixisénatide pourrait être en mesure de retarder la progression des symptômes moteurs chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Le fait qu’on observe toujours une différence entre les 2 groupes après 14 mois de suivi, alors que le traitement par lixisénatide (ou placebo) avait été interrompu depuis 2 mois supplémentaires, renforce l’hypothèse que le médicament a exercé un effet de type « neuroprotecteur » facilitant la survie des neurones, plutôt qu’un effet de type « symptomatique » similaire à celui de médicaments déjà connus comme la L-DOPA par exemple.

L’étude LixiPark, dirigée par les professeurs Wassilios Meissner et Olivier Rascol des centres hospitaliers universitaires de Bordeaux et de Toulouse, a impliqué 21 des 27 Centres Expert Parkinson animés par le réseau de recherche clinique français sur la maladie de Parkinson  NS-Park (FCRIN). Promue par le CHU de Toulouse, l’étude a été cofinancée par le Ministère français de la santé et l’organisation caritative britannique Cure Parkinson’s (avec le soutien du Van Andel Institute (VAI) du Michigan, États-Unis), le médicament et le placebo étant fourni par le laboratoire pharmaceutique Sanofi.

A propos du lixisénatide :

Le lixisénatide appartient à un groupe de médicaments contre le diabète de type 2, appelé agonistes du récepteur Glucagon-Like Peptide 1 (ou agonistes du GLP-1R). Ces molécules fonctionnent en imitant au niveau du pancréas l’action d’une hormone intestinale naturelle produite lorsque l’on mange. Les agonistes du GLP-1R sont cliniquement approuvés pour le traitement du diabète de type 2. Il existe des récepteurs au GLP-1 dans le cerveau. Leur rôle y reste encore mal connu, mais serait impliqué dans des mécanismes participant à la survie et à la mort des neurones.

Il existe un lien déjà connu entre la maladie de Parkinson et le diabète de type 2. Les données épidémiologiques suggérant que les personnes atteintes de diabète de type 2 présentent un risque plus élevé de développer la maladie de Parkinson (1). Les personnes atteintes de la maladie de Parkinson et souffrant de diabète de type 2 connaissent souvent une progression plus rapide de leurs symptômes (2). Alors que les personnes diabétiques traitées avec des agonistes du GLP-1R ont un risque plus faible de développer la maladie de Parkinson que les diabétiques traités avec d’autres médicaments antidiabétiques (3). Par ailleurs, on observe post-mortem des anomalies moléculaires liés à l’insulino-résistance au niveau des neurones de personnes ayant présenté une maladie de Parkinson (4).

Les résultats de l’essai clinique LixiPark sont importants car ils montrent, dans un essai clinique de Phase 2, un résultat positif sur la progression des symptômes moteurs chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. L’exénatide (5), un autre médicament de cette classe de médicaments est actuellement évalué lui aussi dans le cadre d’un autre essai clinique de phase 3 au Royaume-Uni. Les résultats de cet essai sont attendus pour la fin de l’année.

Les prochaines étapes :

Ces résultats révèlent un potentiel intéressant du lixisénatide. Toutefois, il faut garder à l’esprit que d’autres études seront nécessaires avant que ce médicament puisse être approuvé pour une utilisation clinique dans le traitement de la maladie de Parkinson. Cette étude de phase 2 a jeté d’excellentes bases pour les tests futurs. Et les chercheurs travaillent activement pour planifier les prochaines étapes, visant à préciser la dose optimale du médicament à utiliser dans cette indication, le maintien de l’effet observé au-delà de 12 mois et chez des personnes à d’autres stades de maladie.

 

Paris le 04/04/2024

(1) Rhee, SY., et al., Association between glycemic status and the risk of Parkinson Disease: A nationwide population-based study, Diabetes Care, Sep 2020,. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32611610/ et Deischinger, C et al., Diabetes Mellitus is associated with a higher relative risk for Parkinson’s Disease in women than in men, Journal of Parkinson’s Disease, April 2021., https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33492248/

(2) Athauda, D.et al., The impact of type 2 diabetes in Parkinson’s Disease, Movement Disorders, June 2022. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35699244/

(3) Brauer, R. et al., Diabetes medications and risk of Parkinson’s disease: a cohort study of patients with diabetes, Brain, October 2020. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33011770/

(4) Bassil, F. et al., Impaired brain insulin signalling in Parkinson’s disease, Neuropathol Appl Neurobiol, Feb 2022. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34405431/.

(5) Pour en savoir plus sur l’exénatide: https://cureparkinsons.org.uk/exenatide/.