Transplantation troixième volet: la reprogrammation directe

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Transplantation troixième volet: la reprogrammation directe

INFORMATION
– Le 03/03/2022

Transplanter des cellules directement dans le cerveau pour essayer de soigner et améliorer les symptômes de la maladie de Parkinson est un traitement à l’étude depuis les années 80. Des résultats mitigés et contradictoires ont pendant longtemps mis en doute la faisabilité de cette technique.

Cette dernière décennie, l’amélioration de la technologie et de la connaissance  ont conduit différentes équipes de recherche à revaloriser cette option thérapeutique pour traiter les symptômes de la maladie.

Dans les prochaines semaines nous vous vous présenterons 3 projets, utilisant des approches différentes, et vous expliquerons leur objectif et leur intérêt pour les personnes atteintes de la maladie de la Parkinson.

Le troisième volet port sur le projet l’intérêt de la reprogrammation directe.

LA REPROGRAMMATION NEURONALE DIRECTE

 

Publié le 3 mars 2022

 

CONTEXTE


Les scientifiques sont désormais capables de générer, en laboratoire, des neurones dopaminergiques à partir de cellules souches embryonnaires ou induites (cf article « Cellules de la peau reprogrammées – l’étude Kyoto » publié le 20/12/2021). Cette avancée est très intéressante pour pallier au manque de dopamine et améliorer les symptômes moteurs associés à la maladie de Parkinson. Toutefois, ces neurones dopaminergiques artificiels dérivés de patients pourraient aussi avoir d’autres utilisations très intéressantes pour une meilleure compréhension de la maladie de Parkinson.

Ils pourraient:

    1. Permettre d’étudier les mécanismes de la maladie et ainsi essayer de comprendre pourquoi les neurones dopaminergiques meurent au cours de la maladie;
    2. Etre utilisés pour faire du criblage pharmacologique* afin de développer de nouveaux traitements.

Jusqu’à présent les chercheurs utilisent principalement des modèles animaux ou des échantillons de cerveaux obtenus post-mortem pour étudier les mécanismes pathologiques impliqués dans la maladie de Parkinson. L’accès en laboratoire à des neurones dopaminergiques issues de cellules de personnes ayant la maladie de Parkinson est une opportunité unique d’étudier la maladie sur un modèle cellulaire expérimental humain.

OBJECTIF DE LA RECHERCHE


La technique utilisant des cellules de peau de patients pour ensuite les transformer en cellules souches puis en neurones dopaminergiques n’est pas corrélée à la maladie de Parkinson car elle permet uniquement de créer des neurones dopaminergiques « jeunes ». En effet, la reprogrammation de cellules de peau en cellules souches implique un rajeunissement total de la cellule qui va ensuite permettre de créer de neurones dopaminergiques embryonnaires. Or, l’âge est un facteur de risque majeur de développer la maladie de Parkinson. Il est donc important d’étudier la maladie avec des modèles qui reflètent le vieillissement et non sur des neurones « jeunes ». Grâce à la technique de reprogrammation neuronale directe (figure 1), un des objectifs de la recherche, et notamment celui de l’équipe du Dr Drouin-Ouellet (Université de Montréal, Faculté de Pharmacie, Canada), est désormais d’arriver à créer des neurones dopaminergiques « âgés », c’est-à-dire des neurones intégrant la signature associée au vieillissement. Cette technique consiste à obtenir des neurones dopaminergiques de l’âge du patient en évitant de passer par l’étape « cellules souches » en forçant l’expression spécifique de certains gènes de la cellule.

CONCLUSION ET IMPACT POUR LA MALADIE DE PARKINSON


Ce nouveau modèle de neurones dopaminergiques, qui permet de maintenir la signature associée à l’âge et la spécificité du donneur, est une approche novatrice très prometteuse pour la recherche sur la maladie de Parkinson. Le but de ces recherches serait de proposer une médecine personnalisée. Lors de la consultation chez le neurologue, un échantillon de peau serait prélevé chez chaque patient, pour ensuite créer des neurones dopaminergiques, spécifiques au patient et à son âge, grâce à la technique de reprogrammation neuronale directe. Un criblage pharmacologique* réaliser sur ces neurones en laboratoire permettrait ainsi aux neurologues d’identifier des solutions thérapeutiques propre pour chaque patient, ou groupe de patients présentant des caractéristiques similaires.

La biopsie de peau reste une méthode semi-invasive.et toutes les personnes malades n’y consentent pas obligatoirement. Pour contourner ce biais, l’équipe du Dr Drouin-Ouellet travaille actuellement au développement de la reprogrammation directe de cellules contenues dans les urines pour la création de neurones dopaminergiques.

Histoire à suivre….

Glossaire:
Criblage pharmacologique* : étude et identification de nouvelles molécules pharmacologiques pertinentes. La procédure consiste à tester simultanément un grand nombre de molécules, en vue d’identifier, en un minimum de temps, les molécules présentant un intérêt éventuel pour la maladie de Parkinson.

 

Texte rédigé par Sarah Brosse, mis en ligne le 3 mars 20221
Sarah est doctorante en sciences biomédicales au sein du laboratoire de neuroanatomie chimiosensorielle à l’Université du Québec à Trois-Rivières (Canada). Son projet doctoral porte sur l’étude de la chimiosensation dans la maladie de Parkinson, et plus précisément, sur l’étude du système trigéminal comme marqueur précoce de la maladie.

Durant ces prochains mois Sarah nous proposera régulièrement des textes destinés au grand public sur les avancées de la recherche. Restez attentif et visitez régulièrement notre page d’accueil.

Si vous avez des questions sur cet article n’hésitez pas à contacter France Parkinson (scientific@franceparkinson.fr) ou Sarah Brosse (sarah.brosse@gmail.com).