Odorat et sommeil : nouvelles pistes pour un diagnostic précoce

Odorat sommeil parkinson

Odorat et sommeil : nouvelles pistes pour un diagnostic précoce

La maladie de Parkinson est principalement diagnostiquée suite à l’apparition de troubles moteurs visibles caractéristiques. Tels que les tremblements au repos, la rigidité et la lenteur des mouvements… Mais certains symptômes, comme l’odorat et le sommeil, peuvent apparaître bien avant.

La maladie de Parkinson est principalement diagnostiquée suite à l’apparition de troubles moteurs visibles caractéristiques. Tels que les tremblements au repos, la rigidité et la lenteur des mouvements… Mais certains symptômes, comme l’odorat et le sommeil, peuvent apparaître bien avant.

INFORMATION
– Le 26/09/2021

CONTEXTE

La maladie de Parkinson est principalement diagnostiquée suite à l’apparition de trois troubles moteurs visibles caractéristiques. Les tremblements au repos, la rigidité et la lenteur des mouvements. Malheureusement, lorsque le diagnostic clinique se pose, environ 70% des cellules dopaminergiques (cellules du cerveau impliquées dans le contrôle des mouvements volontaires) sont déjà perdues. Néanmoins, la maladie de Parkinson est aussi caractérisée par de nombreux symptômes « invisibles ». Ce qu’on nomme les symptômes non-moteurs*. Il est désormais reconnu que plusieurs de ces symptômes, tels que des troubles olfactifs, apparaissent beaucoup plus tôt dans la progression de la maladie. Pendant une période appelée « phase prodromale* ». En effet, plus de 90% des personnes atteintes de la maladie de Parkinson développent un trouble de l’odorat plusieurs années avant l’apparition des symptômes moteurs. L’étude de cette altération olfactive en phase prodromale est donc d’un intérêt majeur pour aider au dépistage précoce du Parkinson.

OBJECTIF DE LA RECHERCHE

Nouvelles pistes pour une détection précoce de la maladie
L’altération de l’odorat n’est pas spécifique à la maladie de Parkinson puisqu’elle touche 20% de la population générale. Un enjeu actuel de la recherche est donc d’arriver à distinguer un trouble de l’odorat associé à la maladie de Parkinson d’autres troubles de l’odorat non reliés à une maladie neurodégénérative. Comme des troubles de l’odorat qui seraient liés par exemple à une infection virale, à une infection des voies respiratoires ou à un choc violent à la tête.

De récentes études scientifiques ont montré que la mesure combinée des systèmes olfactif et trigéminal permettrait de déterminer un profil chimiosensoriel*. Ce qui est spécifique dans la maladie de Parkinson. En effet, le système trigéminal ne serait pas affecté chez les patients de Parkinson. Le système trigéminal décrit la perception de sensations comme la fraîcheur de la menthe ou le piquant du piment fort etc.

En résumé, les patients atteints de Parkinson présentent un trouble de l’odorat mais ont un système trigéminal intact. Alors que les personnes ayant un trouble de l’odorat non-parkinsonien présentent un trouble à la fois olfactif et trigéminal. Suite à cette découverte déterminante, il est désormais nécessaire d’étudier ce système chez des personnes ayant une forte prédisposition à développer le Parkinson. Comme par exemple, ceux ayant un trouble comportemental en sommeil paradoxal (TCSP). C’est un trouble caractérisé par des mouvements agités et parfois agressifs durant le sommeil paradoxal.

CONCLUSION ET IMPACT POUR LA MALADIE DE PARKINSON

De nombreuses études montrent que les personnes qui souffrent d’un TSP ont un très haut risque de développer la maladie de Parkinson. Ce symptôme est donc très intéressant à prendre à en compte. En effet, il se manifeste au cours de la phase prodromale. C’est à dire, après l’apparition des troubles olfactifs mais avant l’apparition des troubles moteurs. Ainsi, l’hypothèse de recherche actuelle est de prendre en considération les trois critères suivants, pour déterminer précocement si une personne va développer, ou non, la maladie de Parkinson. Les critères en question sont le trouble de l’odorat, le système trigéminal intact, et le TCSP.

Le but de ces recherches est donc d’aider au développement d’outils de dépistage précoce de la maladie. Puis de permettre la sélection de candidats qui peuvent participer à des essais cliniques visant le développement de traitements potentiellement curateurs.

Glossaire

Symptômes non-moteurs* :
(1)   Troubles de la fonction autonome : troubles gastro-intestinaux dont la constipation, troubles urinaires, dysfonctions sexuelles et cardiaques.
(2)   Troubles cognitifs : démence, dépression, anxiété, trouble du contrôle des impulsions, hallucinations.
(3)   Troubles du sommeil : insomnie, fragmentation du sommeil, le syndrome des jambes sans repos, trouble du comportement en sommeil paradoxal, fatigue excessive de jour.
(4)   Perturbations sensorielles : troubles visuels, troubles de l’odorat, de la douleur et une hypersensibilité à la douleur. La phase prodromale* se caractérise par la présence de symptômes non-moteurs qui précèdent l’apparition des symptômes moteurs et le diagnostic clinique. La durée de la phase prodromale s’estime entre 10 à 20 ans.

Chimiosensoriel* : ensemble des sens permettant la perception de notre environnement chimique (l’odorat, le gout et le système trigéminal).

 

Texte rédigé par Sarah Brosse, mis en ligne le 26/09/2021
Sarah est doctorante en sciences biomédicales au sein du laboratoire de neuroanatomie chimiosensorielle à l’Université du Québec à Trois-Rivières (Canada). Son projet doctoral porte sur l’étude de la chimiosensation dans la maladie de Parkinson. Et plus précisément, sur l’étude du système trigéminal comme marqueur précoce de la maladie.
Durant ces prochains mois Sarah nous proposera régulièrement des textes destinés au grand public sur les avancées de la recherche. Restez attentif et visitez régulièrement notre page d’accueil.

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