Intimité et maladie de Parkinson 

L’intimité physique et émotionnelle répond aux besoins communs à tous les êtres humains. Si la maladie de Parkinson peut occasionner des transformations dans la dynamique conjugale et la vie sexuelle, il existe des moyens de les surmonter afin de préserver votre relation.

L’intimité physique et émotionnelle répond aux besoins communs à tous les êtres humains. Si la maladie de Parkinson peut occasionner des transformations dans la dynamique conjugale et la vie sexuelle, il existe des moyens de les surmonter afin de préserver votre relation.

De l’importance de bien communiquer avec son partenaire 

Aborder ouvertement son intimité ou sa sexualité demeure souvent délicat, même envers son partenaire. En général, nous exprimons ces besoins à travers des signaux non verbaux, tels que des regards ou des gestes. La maladie de Parkinson peut perturber ces signaux qui témoignent du désir que vous avez construit au fil du temps. Certains symptômes, comme des mouvements involontaires, peuvent également perturber vos relations intimes en les rendant inconfortables ou déplacés. Par moments, la maladie de Parkinson peut engendrer des problèmes sexuels qui sont traitables. 

Face à ces évolutions, il est essentiel d’établir de nouvelles voies de communication avec votre partenaire afin d’éviter l’accumulation de frustration, de rancœur et de colère, qui peuvent se manifester même au sein des couples les plus solides. 

Il est tout à fait possible de maintenir une intimité épanouissante et une sexualité satisfaisante malgré la maladie de Parkinson. N’hésitez pas à en discuter avec votre partenaire ou un professionnel si vous ressentez le besoin de le faire.

Les bienfaits de la sexualité dans la maladie de Parkinson

L’intimité physique et la sexualité sont souvent associées au plaisir et au bien-être. En effet, les interactions humaines déclenchent la libération de multiples neurotransmetteurs et hormones qui favorisent cette sensation de bien-être. Le contact physique accroît les niveaux de dopamine et de sérotonine, substances en déficit chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Ces neurotransmetteurs jouent un rôle dans la régulation de l’humeur et réduisent les niveaux de stress et d’anxiété. La dopamine, quant à elle, tient un rôle crucial dans le ressenti du plaisir. 

L’intimité physique stimule également la production d’ocytocine, surnommée l’hormone du bien-être, qui contribue à inspirer une pensée positive et à entretenir une vision optimiste du monde. L’ocytocine favorise également l’émergence de sentiments de compassion et de confiance. 

Nous éprouvons tous le besoin d’aimer et d’être aimés, de ressentir le contact et d’être touchés. Ainsi que de tisser des liens empreints d’affection, d’empathie et de bienveillance. Lorsque cette intimité physique et émotionnelle caractérise notre existence, nous sommes mieux armés pour faire face aux défis et surmonter les moments de frustration, de souffrance et de désespoir. 

Comment la maladie de Parkinson affecte-t-elle la sexualité ?

La maladie de Parkinson ne conduit pas systématiquement à des difficultés sur le plan sexuel. Cependant, certaines personnes atteintes de cette maladie rapportent des gestes involontaires. Ou bien des problèmes de mobilité pendant l’activité sexuelle, attribuables aux symptômes de la maladie, au stress, à l’anxiété et à la fatigue, facteurs susceptibles d’affecter la libido. 

La sexualité des couples touchés par la maladie de Parkinson est influencée par plusieurs éléments, notamment : 

  • les signaux physiques habituels utilisés pour exprimer le désir ou la satisfaction qui peuvent être perturbés par des symptômes comme la réduction des expressions faciales et les difficultés de communication ; 
  • l’altération de l’estime de soi et de la perception du corps, ainsi que des comportements de séduction ; 
  • l’exacerbation des tremblements ou de la dyskinésie par l’excitation sexuelle. Ils ne présentent aucun danger et ne devraient pas entraver vos activités ; 
  • la lenteur des mouvements et la rigidité qui peuvent impacter vos relations intimes, nécessitant une réinvention de l’approche ; 
  • des dysfonctions sexuelles liées au vieillissement, tant chez les femmes que chez les hommes ; 
  • une réduction de l’intérêt ou du désir sexuel lié à la diminution de la dopamine ; 
  • l’anxiété et la dépression, liées à la maladie elle-même ou à son accompagnement par les proches, qui peuvent également entraver le désir. 

Il est important de comprendre que la maladie de Parkinson ne signifie pas la fin de l’intimité et de la satisfaction sexuelle. En adaptant les approches et en communiquant ouvertement avec votre partenaire, il est possible de maintenir une vie sexuelle épanouissante malgré les défis liés à la maladie. 

 

En savoir plus

Les troubles sexuels masculins picto fleche

Lorsqu’il vient consulter, le patient évoque les troubles de l’érection et de l’éjaculation. Outre l’atteinte motrice, il existe dans la maladie de Parkinson une altération du système nerveux autonome qui correspond à la régulation automatique des fonctions telles que le transit intestinal, le rythme cardiaque, la transpiration, le contrôle du calibre des vaisseaux artériels et veineux, etc. L’érection et l’éjaculation sont des phénomènes qui nécessitent un contrôle très important du système nerveux autonome. 

La lésion de ce système apparaît précocement dans la pathologie parkinsonienne et occasionne donc des dysfonctionnements. 

  • Les troubles érectiles touchent 60 % des patients et sont très fréquemment associés à des troubles urinaires et/ou intestinaux. L’installation de ces problèmes est souvent progressive, mais peut aussi apparaître précocement. 
  • Les troubles du contrôle de l’éjaculation : différentes études montrent une fréquence de ces troubles qui se situe entre 40 % et 79 % des patients selon l’âge et le type du syndrome parkinsonien. 
  • Les patients sont également confrontés à une diminution, voire à la perte de la libido. La dépression peut renforcer le problème. 
  • Les troubles hormonaux (baisse de la testostérone) : ils ne sont pas plus élevés chez les patients parkinsoniens que dans le reste de la population du même âge. Si un déficit hormonal est mis en évidence, un traitement hormonal substitutif peut être mis en place en l’associant au traitement dopaminergique. 

Les troubles sexuels féminins picto fleche

Environ 60 % des femmes rencontrent des troubles sexuels dès les premières étapes de la maladie. Les problèmes les plus fréquents incluent une diminution de la lubrification, une baisse, voire une perte de la libido et/ou de l’orgasme, ainsi que des douleurs pendant les rapports. 

La diminution de la lubrification est associée aux modifications du système nerveux central. Ces changements sont accentués par les fluctuations hormonales liées à l’âge, notamment la ménopause. Des solutions simples peuvent être mises en place pour atténuer ce problème, comme un traitement hormonal local substitutif, ainsi que l’utilisation de crèmes et de produits lubrifiants. 

Les douleurs pendant les rapports sont souvent engendrées par plusieurs facteurs combinés : 

  • sécheresse locale ; 
  • problèmes de prolapsus d’organes, éventuelles séquelles locales de chirurgies gynécologiques et/ou urinaires ; 
  • présence de problèmes urinaires ; 
  • constipation. 

Dans ces situations, une approche globale impliquant la gynécologie et l’urologie est généralement adoptée. Avec des traitements locaux et/ou généraux, voire des interventions chirurgicales si nécessaire. Dans ce cas, une évaluation préliminaire en consultation et des examens complémentaires tels que radiographies et études urodynamiques sont réalisés pour déterminer le plan de prise en charge approprié. 

Comment retrouver une sexualité apaisée avec la maladie de Parkinson ?

La maladie de Parkinson perturbe les schémas que votre couple a parfois mis des années à mettre en place, que ce soit pour exprimer le désir, la satisfaction, la reconnaissance ou le plaisir d’être avec l’autre. Avec ces codes modifiés, vous devez réapprendre ensemble comment manifester de l’attention et de l’amour. 

  • Soyez à l’écoute de l’autre, sans être déconcerté par la nouvelle expression de ses besoins. 
  • Exprimez votre amour, partagez vos émotions et sentiments respectifs, passez des moments de qualité ensemble. Et prenez également des moments pour chacun de vous. 
  • Soyez patient et compréhensif. 
  • Laissez-vous le temps de vous adapter aux changements. Acceptez que l’autre ne vive pas la situation de la même manière que vous. Et soyez flexible au niveau de vos attentes, les symptômes de la maladie étant parfois inattendus. 
  • Faites la distinction entre les activités intimes et les activités sexuelles. 
  • L’intimité n’est pas qu’une question de sexualité. Il existe d’autres moyens pour vous rapprocher de votre partenaire et exprimer votre amour. Tels que des gestes tendres ou des moments de loisirs partagés. 
  • Concentrez-vous sur le plaisir et non sur la performance. 
  • L’âge, comme la maladie de Parkinson, vient altérer les capacités du corps. Nos attentes vis-à-vis de celui-ci doivent être réévaluées périodiquement en donnant à l’intimité sa véritable place, soit la satisfaction mutuelle. 
  • Donnez la priorité au confort et au plaisir, non à la performance. 

Dois-je m’inquiéter de l’exacerbation de ma sexualité ou de celle de mon partenaire malade avec la prise de médicaments ?

Les agonistes dopaminergiques induisent chez près d’un tiers des patients des comportements sexuels inhabituels, excessifs voire compulsifs. Ces comportements entrent dans la catégorie des troubles du contrôle des impulsions. Ces addictions peuvent également s’étendre au domaine du jeu, des achats et même de l’alimentation. 

Dans le contexte sexuel, ces troubles peuvent se manifester par une masturbation compulsive, une demande excessive et répétée de rapports sexuels, l’augmentation du nombre de partenaires, l’utilisation compulsive de pornographie ou l’émergence de nouvelles orientations sexuelles. Ces problèmes sont plus marqués chez les jeunes hommes. L’intensité de ces comportements est généralement proportionnelle à la dose d’agonistes dopaminergiques administrée. 

Souvent, les individus touchés par ces impulsions ne réalisent pas la gravité de leurs actions ni les conséquences qu’elles peuvent engendrer. Si des doutes surgissent, il est impératif d’en parler immédiatement avec le neurologue ou un professionnel de la santé qui pourrait réduire progressivement les doses de ce type de médicament. En règle générale, cette adaptation suffit à mettre un terme à ces comportements problématiques. 

Quel professionnel de santé pour m’aider ?

Si vos problèmes persistent, n’hésitez pas à en discuter avec votre neurologue. Seul le neurologue sera en mesure de vous orienter vers un spécialiste. Par exemple en sexologie, en urologie ou en gynécologie pour une prise en charge adaptée. 

Bien que les troubles de la sexualité soient rarement abordés spontanément par le neurologue, il vous incombe de les mentionner. Malgré l’embarras compréhensible lié à l’évocation de ce sujet délicat, c’est en partageant vos difficultés avec votre médecin que celui-ci pourra vous apporter de l’aide. 

Le neurologue saura distinguer ce qui relève de la maladie de Parkinson ou du traitement médicamenteux en cour, de ce qui découle du processus naturel de vieillissement ou des modifications hormonales associées à l’âge. Il peut également demander un bilan hormonal si nécessaire. Si besoin, il sera apte à ajuster le traitement de la maladie pour mettre fin à certains troubles sexuels. 

Lire notre article « Sexualité : une intimité à réinventer » dans L’écho 146.

Késako ?

  • Neurotransmetteur : substance chimique qui transmet des signaux entre les cellules nerveuses dans le système nerveux. 
  • Dopamine : molécule produite par certains de nos neurones qui l’utilisent comme messager chimique pour transmettre des informations à différents circuits cérébraux, en l’occurrence la gestion de nos mouvements. 
  • Sérotonine : neurotransmetteur agissant comme un régulateur clé de l’humeur, de l’anxiété, du sommeil, de l’appétit, de la cognition et d’autres processus. 
  • Ocytocine : neurotransmetteur jouant un rôle essentiel dans la régulation des interactions sociales et des liens affectifs entre les individus. 
  • Dyskinésie : terme médical qui désigne des mouvements anormaux, involontaires et souvent répétitifs du corps. 
  • Système nerveux autonome : composante du système nerveux qui contrôle et régule de manière automatique et involontaire les fonctions corporelles essentielles à la survie. Telles que la respiration, la digestion, la fréquence cardiaque, la pression artérielle, la température corporelle et la transpiration. 
  • Traitement dopaminergique : approche médicale visant à augmenter ou à moduler les niveaux de dopamine dans le cerveau en utilisant des médicaments ou d’autres interventions. 
  • Agoniste dopaminergique : type de médicament utilisé dans le traitement de la maladie de Parkinson. Il agit en stimulant les récepteurs de la dopamine dans le cerveau. C’est un neurotransmetteur impliqué notamment dans la régulation des mouvements. 
  • Trouble du contrôle des impulsions : incapacité de résister à des impulsions ou à des comportements irrépressibles. Souvent associés à des actions impulsives, répétitives et compulsives.