L’opération chirurgicale comme traitement de la maladie de Parkinson 

Outre les traitements médicamenteux, la voie chirurgicale, via la stimulation cérébrale profonde (SCP), peut être proposée aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Le point sur cette technique, ce qu’elle implique et ses effets.

Outre les traitements médicamenteux, la voie chirurgicale, via la stimulation cérébrale profonde (SCP), peut être proposée aux personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Le point sur cette technique, ce qu’elle implique et ses effets.

Qu’est-ce que la Stimulation Cérébrale Profonde ou SCP ? 

La stimulation cérébrale profonde (SCP) est un traitement neurochirurgical développé depuis plusieurs décennies pour différentes pathologies neurologiques, dont la maladie de Parkinson. Elle consiste à placer des électrodes de stimulation dans le cerveau. Les électrodes sont connectées à un boîtier placé sous la peau qui délivre un courant de faible intensité dans certaines structures profondes du cerveau. 

L’opération peut être réalisée d’un seul côté du cerveau (unilatérale) ou des deux côtés (bilatérale). Dans le cadre de la maladie de Parkinson, la zone cérébrale ciblée dépend du symptôme à améliorer. 

Pour quel type de patients ? 

La SCP ne concerne que 15 à 20 % des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Celles-ci doivent présenter des critères bien précis pour être éligibles à cette opération chirurgicale. En particulier, une bonne réponse aux traitements dopaminergiques et la présence de complications dues au traitement médical (fluctuations « on-off », dyskinésies) sont des conditions nécessaires. Il est également important d’avoir des fonctions cognitives conservées. Un bilan complet s’effectue pour chaque personne éligible à la SCP. Cela permet de s’assurer que les bénéfices d’une telle chirurgie sont supérieurs aux risques encourus. 

Les critères d’éligibilité 

Si la décision de tenter l’opération se fait au cas par cas et tient compte, en premier lieu, de la motivation de la personne, certains critères guident ce choix : 

  • La personne est atteinte d’une maladie de Parkinson (idiopathique) et non d’un syndrome parkinsonien atypique. 
  • La maladie a 5 ans d’évolution au moins (cela permet de s’assurer du critère précédent). 
  • Les signes axiaux ne sont pas trop développés (l’opération ne serait pas efficace, voire délétère).
  • Avoir moins de 70 ans (il y a, sinon, un risque de séquelles cognitives).
  • Ne pas avoir de troubles cognitifs ou psychiatriques importants.
  • Il n’y a pas d’autre affection évolutive grave. 

Comment se déroule l’opération ? 

L’opération, qui dure entre six et huit heures, consiste à̀ implanter symétriquement deux petites électrodes dans une structure cérébrale très précise (zone subthalamique) de chaque côté́ du cerveau. Le neurochirurgien perce deux orifices au sommet du crâne et place les électrodes à l’endroit adéquat. Chaque électrode possède quatre plots, ce qui permet ensuite de régler la stimulation d’une manière optimale. La complexité de l’opération ne tient pas à̀ la traversée des structures cérébrales, mais au repérage de l’endroit précis à stimuler. Celui-ci est identifié grâce à l’imagerie médicale (IRM) au moyen d’un cadre fixé au crâne. La fixation de ce cadre est la manœuvre la plus gênante pour le patient. Les électrodes sont ensuite reliées à̀ une pile (stimulateur ou pacemaker) placée sous la peau. 

Quel suivi après l’opération ? 

Le suivi post-opératoire est assuré par le neurologue et le neurochirurgien. Ils choisissent le meilleur plot de stimulation sur l’électrode, la meilleure intensité de stimulation et adaptent le traitement médicamenteux complémentaire. En effet, la stimulation cérébrale profonde réduit la prise médicamenteuse, mais ne la supprime pas totalement. 

Le réglage des paramètres de stimulation (intensité du courant, largeur d’impulsion, fréquence…) s’effectue à différents moments après l’opération, selon les centres et les services. Tout de suite après l’opération, on observe souvent un effet lésionnel, c’est-à-dire une amélioration des symptômes sans activation des électrodes. Cet effet dure habituellement entre 3 et 21 jours avant de disparaître complètement. 

Le suivi permet aussi d’accompagner l’évolution de la maladie. Ainsi, de nouveaux réglages sont parfois nécessaires pour s’adapter à̀ la progression des symptômes. En fonction de l’intensité de la stimulation, une intervention peut être nécessaire pour changer la pile. Cela peut être tous les 5 ans pour les piles non rechargeables. Et environ tous les 25 ans pour les piles rechargeables. 

À chacun sa façon de récupérer 

Si la période de récupération post-opératoire est variable pour chacun, elle implique l’alternance de phases où les symptômes de la maladie de Parkinson sont bien améliorés avec des phases moins bénéfiques. Cette période est souvent difficile à vivre. Il faut augmenter la stimulation pour récupérer progressivement l’effet lésionnel. Et même davantage, mais aussi s’assurer d’avoir trouvé les bons contacts et les bons niveaux de stimulation. 

Comme pour les traitements oraux, il faut identifier les bonnes combinaisons pour chaque personne. Cela prend du temps car il n’y a pas de réglage « taille unique ». Dans certains cas plutôt rares, il est difficile de trouver un bon équilibre et la stimulation n’améliore pas totalement les fluctuations. Il est alors possible de mettre (ou remettre) une pompe à apomorphine pour lisser le dosage des médicaments sur la journée et diminuer les fluctuations et les moments « on-off ». 

Pour quels résultats ? 

Les personnes malades à qui l’on propose cette opération peuvent voir une nette amélioration des 3 principaux troubles moteurs : lenteur (akinésie), rigidité́ et tremblement, et une réduction voire une disparition des fluctuations. 

Les signes qui ne sont pas ou peu améliorés sont les signes axiaux : instabilité de la posture (chutes), freezing et troubles de l’élocution. 

La stimulation cérébrale profonde ne dégrade pas les fonctions cognitives, même si elle est bilatérale. Sauf si des troubles cognitifs plus que modérés existaient déjà avant l’opération. C’est la raison pour laquelle un examen neuropsychologique est souvent effectué avant la décision chirurgicale. 

Malgré l’opération, la maladie de Parkinson continue d’évoluer ; cette évolution concerne principalement les signes axiaux. Ils sont pris en charge, quand cela est possible, par un réglage de la stimulation ou par traitement médicamenteux. 

Y a-t-il des effets indésirables ? 

Les effets indésirables suite à l’opération sont rares. Il s’agit principalement de risques hémorragiques et de risques d’infection du matériel. 

Une baisse de l’intensité́ de la voix, une modification du comportement et une baisse de la motivation peuvent parfois être constaté.

Il est important de ne pas trop attendre de l’opération. Ses effets restent propres à chaque personne ; donc très variables. Et ne peuvent être complètement anticipés en amont de l’intervention. 

Késako ? 

  • Traitement dopaminergique : approche médicale visant à augmenter ou à moduler les niveaux de dopamine dans le cerveau en utilisant des médicaments ou d’autres interventions. 
  • Dyskinésie : terme médical qui désigne des mouvements anormaux, involontaires et souvent répétitifs du corps. 
  • Zone subthalamique : petite structure située dans le cerveau. Elle est impliquée dans la régulation du mouvement, de la cognition et des émotions. 
  • Pompe à apomorphine : dispositif médical utilisé dans la maladie de Parkinson pour administrer en continu un médicament imitant les effets de la dopamine dans le cerveau. 
  • Akinésie : terme médical faisant référence à l’absence ou à la réduction significative des mouvements volontaires et spontanés du corps. 
  • Freezing : symptôme moteur caractéristique de la maladie de Parkinson. Il se caractérise par une sensation soudaine de blocage ou d’incapacité à démarrer ou à continuer un mouvement, généralement lors de la marche.